J’aide mes parents qui ont été malades,
qui ont eu le Covid et à la suite de ça,
ils sont âgés et leur maladie a évolué.
Et ma maman a Parkinson
et ils ont besoin
d'être aidés dans leur quotidien.
Ma maman a besoin de choses
dont elle n'avait pas besoin avant,
des séances de kiné à domicile,
d’aide dans le quotidien,
pour la cuisine, pour le ménage.
Mais ça devient de plus en plus compliqué
parce qu'on a besoin de plus en plus de temps
pour s'occuper d'eux.
Quelles questions vous avez posées aujourd'hui ?
Comment on peut avoir...
Si un jour on a besoin
malheureusement d'une aide en plus,
quel service contacter ?
Comment faire
si on a besoin de faire des travaux
pour avoir des aides ?
Une écoute aussi.
J'ai trouvé aussi de l'écoute
par rapport à ce qu'on vit.
Ça soulage aussi,
montrer qu'on n'est pas tout seul.
On est compris dans notre demande.
Je suis aidante de mon mari
qui a une maladie chronique
et qui est aussi handicapé.
Il est amputé de la jambe droite.
Il a un très gros soucis de dos qui fait
qu'il est coincé dans un fauteuil roulant
et je suis son aidante depuis sept ans,
en tout cas reconnue par la MDPH
depuis sept ans.
J'ai découvert le statut d’aidant à la MDPH
en allant râler justement
parce que je n’obtenais pas ce que je voulais.
Je ne savais même pas que
ça existait à l'époque.
J'ai besoin de dire qu’être aidante,
ce n'est pas être une femme à la maison
et s'occuper d'un enfant
en situation de handicap
ou d'un conjoint ou de ses parents,
que c'est plus que ça.
Ça représente une grosse charge mentale
et j'ai envie que ça se sache.
Et puis je suis venue aussi pour rencontrer des gens
parce que je pense qu'à plusieurs, on arrivera mieux à se battre.
Il y a moins d'un mois,
j'ai eu ce sentiment de culpabilité
pour la première fois
parce que
mon mari est souvent hospitalisé,
il a été hospitalisé là pendant trois semaines et demi.
La première semaine,
ça a été une semaine
pratiquement sans sommeil à m'inquiéter
parce qu'il était en danger de mort.
La deuxième, j’ai soufflé un petit peu
et la troisième,
je me suis cru en vacances.
Et autant ça m'a fait du bien, autant
je me suis sentie coupable
d'avoir ce sentiment
parce que mon mari à l'hôpital
ne pouvait pas avoir le même que le mien.
Mais ça m'a fait du bien quand même.
Alors évidemment, ce sentiment de culpabilité,
il faut réussir à l'analyser et à passer au-dessus
parce qu'on a aussi le droit de l'avoir
et on a le droit d'avoir
du temps pour soi.
Je milite aussi
pour que les gens reconnaissent ça
et qu’on leur laisse du temps pour eux.
Je suis mariée,
avec deux enfants de huit ans et treize ans.
Je suis demandeuse d'emploi actuellement.
J'ai arrêté mon travail
notamment parce que mon époux a fait un AVC
il y a un peu plus de 18 mois maintenant.
Un grave AVC qui l'a laissé
en situation de handicap physique et cognitif.
Alors c'est une amie qui est bénévole ici
qui m'a envoyé
les informations de cette Caravane.
Je suis venue chercher justement
des informations sur comment moi
je peux être aidée en tant qu’aidante
parce que mon mari est aidé
mais moi, je ne suis pas aidée
dans ce qu'on faisait à deux avant,
c'est-à-dire la gestion de la vie de famille,
par exemple.
Tout l'administratif
et l'administratif rajouté par sa situation,
et le fait de pouvoir, moi, avoir du répit.
C'est extrêmement compliqué à organiser
parce que
si moi je veux partir de la maison pour souffler,
personne ne peut s'occuper de nos enfants
puisque lui ne peut plus s’en occuper.
Et ce que je remarque, c'est qu'il y a
peut-être des choses qui existent,
mais que ça va encore me faire
des tonnes de démarches administratives
à faire seule,
ré-expliquer la situation quinze fois
à quinze personnes différentes,
faire des mails, des appels, des dossiers
sans être certaine que ça débouche.
Et là, je suis à un stade
où je n'ai plus de temps
et plus d'énergie pour ça en fait.
Et du coup, ce qui me manquerait,
c'est d'avoir une personne ressource
à qui je pourrais expliquer une bonne fois pour toutes
la situation et mes besoins
et qui serait apte à faire les démarches
pour moi, les recherches d'information,
éventuellement les dépôts de dossiers
ou de pré-dossiers.
Ce qui manque, c'est effectivement aussi
de l'accompagnement humain
sur des positions un peu méta
de tout ce qu'il y a à faire en fait.
On peut porter une ambition sur les aidants, sur l’accessibilité,
sur le décloisonnement...
Je pense que c'est extrêmement important
de parler de ces sujets.
Trop souvent,
les aidants ont un peu le sentiment
qu’ils sont isolés,
uniquement avec leurs difficultés,
et il faut que ces difficultés-là,
on puisse les connaître,
qu'on puisse mieux les appréhender.
Et c'est pourquoi donner de la visibilité
à des gens qui, au quotidien,
sont les gens de l'ombre,
c'est une façon je trouve importante
de faire en sorte de les considérer.
Il faut que dans notre société,
on se dise qu'ils portent aujourd'hui
un grand pan de notre solidarité,
qu'on ne reconnaît pas.
Travailler 6h, 10h par jour pour quelqu'un
qui, à vos côtés, a des difficultés,
vous n'avez pas de fiche de paie à la fin du mois,
vous n'allez pas avoir de retraite.
Eh bien tout ça, c'est important aussi
que le Département, notamment,
puisse mettre en avant
ces comportements assez exemplaires.
Donc l’idée, c’est aussi de donner beaucoup de visibilité
à toutes les structures locales ici présentes
qui font un travail remarquable....
Bulle d’air, c'est un service de répit
à domicile à destination des aidants.
Donc ça peut être des aidants
de proches fragilisés par l'âge,
par la maladie ou par le handicap.
Donc, on fait du répit à longue durée,
c'est-à-dire plus de 3h consécutives,
mais après, ça peut être plusieurs jours,
voire une semaine complète, par exemple.
Le but de Bulle d’air,
c'est que ce soit à la carte.
Ce qui est important pour nous,
c'est d'avoir une visibilité
parce que les aidants ne se reconnaissent
pas toujours en tant que tel.
Parfois, on intervient dans des situations
où les aidants sont déjà épuisés, ont déjà craqué
parce que c'est un rôle qui n’est parfois pas facile à porter.
Et le but, en fait, c’est de véhiculer le message
et que les aidants se saisissent
de toutes les solutions
qui peuvent être mises à disposition
dans le cadre de l'accompagnement
qu'ils font auprès de leurs proches.
Il y a eu vraiment pas mal de personnes
qui se sont arrêtées sur le stand,
que ce soit des aidants
ou que ce soit des proches qui connaissent des aidants.
Ça peut être les voisins des aidants
qui ont pris des informations
pour par la suite
donner à leurs amis
ou à leurs connaissances
qui peuvent parfois rencontrer des situations
un petit peu compliquées dans leur rôle d’aidant.
Sinon, ça a été beaucoup de professionnels,
des élus auprès desquels on a pu
faire valoir aussi des messages.
Ça a été vraiment très intéressant en termes d'échanges.
La Direction générale de la Cohésion sociale,
elle se charge
de réglementer, d'animer, d'inventer aussi
des dispositifs en matière de politique sociale
qui sont souvent décentralisés,
donc en matière d'enfance, de pauvreté,
de handicap, de personnes âgées
et la présence des aidants aussi
est un facteur commun
à toutes ces politiques publiques importantes.
Rien ne peut se faire sans les aidants
et on voulait se rendre compte
de la vitalité des aidants.
Et on a profité
de la présence exceptionnelle, aujourd'hui à Amiens,
de la Caravane pour les Aidants
pour rendre visite à cette belle initiative.
J'ai une histoire avec la Caravane des Aidants
puisqu'avant d'être directeur au ministère
des Affaires sociales, je m'occupais d’un programme
de soutien à des initiatives innovantes
qui s'appelle “La France s'engage”.
Et en 2015,
la Caravane des aidants
et Claudie ont été lauréates.
Alors, à l'époque, c'était un projet
qui commençait à essaimer
mais ça avait frappé le jury
à la fois par la qualité du programme
et surtout le fait que ce programme
mettait peut-être pour la première fois
le doigt, si j'ose dire,
sur les aidants,
cette “armée invisible” de bonnes volontés
qui est indispensable et qui fait tenir ensemble
le tissu social et les politiques sociales.
Je suis heureux de voir que
le dispositif prospère et a rencontré son public
avec ce souci qui l'anime depuis le début,
c'est aller au devant de ces publics, les aidants.
Un public qui s'ignore souvent.