J’ai vu qu’il y avait une Caravane des Aidants, j'allais à un rendez-vous donc je me suis dit qu’après je viendrais me renseigner parce que je suis aidante. Moi je travaille mais c’est mon époux qui a dû arrêter complètement son activité professionnelle pour s’occuper de notre enfant Damien qui est en situation de handicap. Depuis 2013, nous sommes arrivés dans l'Oise et nous attendons une solution que nous ne trouvons pas en fait En 2017, je suis allée sur internet pour trouver un IME pour lequel on n'avait pas de notification. Je les ai contactés et ils m'ont dit qu'ils pouvaient le mettre sur leur liste d'attente. Et finalement, on m'a appelée quelque temps après pour me dire qu’il y avait une place qui s'était libérée et j'ai accepté en sachant que cet IME n'avait pas de scolarité. Et moi, je tenais à ce qu'il aille à l'école et... aussi pour l'aider à sortir de la maison et aussi soulager son papa parce que depuis 2012, il est avec lui. Il est à la maison maintenant 24h sur 24, excepté le lundi et le mardi où il voit une ergothérapeute. Ça l’aide mais ça n'est pas suffisant. Je travaille sur la plateforme de répit handicap sur le secteur de Beauvais/Clermont. On est trois plateformes sur le département dédiées aux aidants de personnes en situation de handicap, tout âge et tout handicap. Alors, un aidant qui vient nous voir va se présenter, nous présenter sa situation familiale, s’il travaille, s’il ne travaille pas, la situation de son proche aidé puisque c'est souvent ce qui vient en premier. Donc ce sont beaucoup des enfants mais on a aussi des conjoints qui nous expliquent, on a des conjoints ou des parents qui travaillent toujours donc qui allient la vie personnelle et professionnelle qui peut être compliquée. Donc on les informe sur tous leurs droits. Ils viennent aussi nous exposer leurs problématiques, leurs difficultés et nous, on va les orienter, les conseiller, les accompagner même, pour certains qui ont du mal à franchir le pas de faire certaines démarches. Donc on leur propose une psychologue qui peut leur proposer un suivi psychologique pour les aider à accepter leur rôle d'aidant, les déculpabiliser aussi sur le handicap et toutes les notions que ça peut renvoyer, les difficultés au quotidien et la culpabilité des parents qui est souvent très compliquée à gérer. On propose pas mal d'activités collectives pour que les aidants se rencontrent entre eux et ce sont vraiment des moments qui sont hyper riches parce qu'ils partagent des expériences mais aussi des conseils. Ils vont s'apporter du soutien émotionnel et au fur et à mesure quand les personnes sont vraiment dynamiques et viennent régulièrement aux ateliers, ils viennent à se voir même en dehors de la plateforme et c'est l'objectif à terme. C'est vraiment sympa. Je représente la structure du projet qui s'appelle AlimAidants. C’est un projet qui est porté par la Conférence des financeurs de l'Oise. L’alimentation, c'est un sujet qui intéresse beaucoup mais ce n'est pas la chose à laquelle on va penser pour tout de suite améliorer son bien-être, c’est quelque chose qui va avoir un impact sur la vie de tous les jours. Parce que sur les problématiques d’aidants qu'on a pu rencontrer, c'est le gain de temps, c'est la prise de tête, c'est le stress et en fait l'alimentation peut répondre à toutes ces problématiques. Et si on s'y intéresse et qu'on met le doigt sur certaines habitudes qu'on peut avoir et qu'on se dit : “Tiens, c'est vrai, je pourrais essayer” “d'améliorer ce genre de choses”, “ces aspects de mon quotidien”, etc. Des choses toutes bêtes qui, répétées au quotidien, font vraiment la différence dans notre vie d'aidant et dans notre bien-être, notre gestion de stress, du temps, etc. Aujourd'hui, avec la Caravane des Aidants, on propose deux types d'activités. Avec tout d'abord en fait un jeu de l'oie un peu sur le thème de la dénutrition, où on va pouvoir avancer, piocher des cartes et découvrir certains aspects de la dénutrition, comme par exemple : Quelles sont ses conséquences ? Réponse A : “un système immunitaire démuni”, B : “un risque accru de chutes”, C : “une perte d'autonomie”, et la bonne réponse en fait, ce sont les trois. Et à partir de là, on essaie d'avancer, d'arriver pour en fait terminer le jeu. Mais tout au long de ce jeu, on apprend plus des questions toutes bêtes sur la dénutrition et à quel point ça peut toucher un monde très, très important, surtout sur une thématique d'aidants et d'aidés. Depuis plusieurs années, le département de l'Oise a lancé un plan Oise senior qui vise à lutter contre l'isolement des personnes âgées et dans le cadre de ce plan, il existe plusieurs dispositifs qui permettent d'une part de repérer l'isolement des personnes âgées et d'autre part, d'agir avec la démarche Monalisa du département de l'Oise. Et en fait, ces deux démarches ensemble communiquent, fonctionnent ensemble et la société Django Mesh a développé une plateforme d'entraide locale qui s'appelle aujourd'hui Jaide-ici-Oise qui permet de coordonner le bénévolat entre des personnes qui ont du temps à donner et des personnes qui souhaitent demander des actions de convivialité, de mobilité et surtout du lien social pour en recréer et permettre à ces personnes qui peuvent être victimes d’un ressenti d'isolement ou en cours d'isolement, de pouvoir rencontrer d'autres personnes, de recréer du lien social et, de cette situation individuelle d'isolement, pouvoir rejoindre des activités collectives qui vont être réalisées par les centres sociaux ruraux de l'Oise, qui sont d'autres structures, d’autres maillons, de ces différentes échelles, différents éléments de fonctionnement pour coordonner l'entraide locale. Il faut savoir que le département de l'Oise est proche de la région parisienne. Il a quelques grosses unités mais très peu, des grosses villes. C'est une mosaïque de petites villes et de petits villages. Il faut savoir que c'est aussi notre constitution, et que c'est encore plus compliqué pour les aidants d'aller chercher l'information et d'aller la trouver. Et le Conseil départemental, depuis de nombreuses années, est très investi dans cette problématique des aidants et dans l'aide que peut apporter le Département aux aidants. On est toujours face à cette difficulté-là, de toutes ces personnes qui aident les autres et qui sont dans le déni d'aider. Ils ne savent pas qu’ils aident. Donc être aidants, être reconnus aidants, ça veut dire aussi qu'on va avoir des devoirs mais ça, on le sait puisqu’on est constamment avec un aidé. Mais on va aussi avoir quelque part du droit : du droit à être aidé soi-même, du droit aussi, à avoir une vie tout à fait ordinaire, sa propre vie, sans vivre la vie de son aidé et ça c'est très important. Et donc la Compagnie des Aidants aujourd'hui, c'est offrir à la population la possibilité de venir sur place sans vraiment se déranger, sans chercher, justement tous les renseignements que l'on veut. Et de pouvoir mettre au clair toutes les questions que l'on se pose et d'y trouver les réponses. Et de toute façon, il faut savoir que nous avons un système, que ce soit pour les personnes âgées ou pour les personnes handicapées qui repose quand même sur l'engagement des aidants. Le système d'aide, d'accompagnement ne fonctionnerait pas si nous n'avions pas d’aidants. Ça, c'est très clair parce que les professionnels ne suffisent pas, les professionnels sont peu nombreux, beaucoup trop peu nombreux d'ailleurs, et à travers l’aidant aussi vis-à-vis de l’aidé, il y a aussi un côté de continuité, un côté aussi d'écoute, d'affection qu’on n’a pas forcément avec les professionnels. Le rôle n'est pas le même. Et ça, c'est aussi extrêmement important. Mais l’aidant, on doit lui apporter de l'aide, du soutien et aussi du répit. Parce qu’il a aussi besoin de prendre des vacances. Il a aussi besoin... D’ailleurs, on s'est investi, le département de l’Oise s'est investi dans le relayage de façon à ce qu'on puisse avoir quelqu'un à domicile qui remplace l'aidant. Et je trouve que c'est aussi quelque chose de très, très important. On doit continuer à avoir sa vie, on a aussi droit à une vie quand on est aidant. Mon papa est décédé d'un cancer l'année dernière et pendant deux ans ça a été sinon mon quotidien, en tout cas tous les week-ends, où à 200 kilomètres, je prenais mon petit sac pour aller auprès de lui. Ça me paraissait naturel que d'être près de lui mais tout ce qui était dispositif mis en place, ce n'était pas simple à faire et puis maman est restée. On a la chance de pouvoir la garder à la maison. Mais maman a Alzheimer, la maladie d'Alzheimer et du coup, eh bien là aussi on s'est un peu... J’allais presque dire habitués au fait d'être aidants et du coup, on s'est habitués à aller chercher les dispositifs. Le sujet commence à être traité par tout le monde mais il y a encore beaucoup à faire… Le sujet des aidants est un sujet majeur puisque l'impact d'une maladie au quotidien dans le cercle familial peut être extrêmement délétère et qu'il est important de se sentir aidants, certes au quotidien, mais de savoir aussi que l'on peut être aidés par tout un ensemble de mises en œuvre, qu'elles soient départementales, régionales, nationales ou aussi au sein des CCAS des villes.