Mon père a 79 ans, donc il est en début de perte d'autonomie, avec des problèmes de santé qui vont s'aggravant et ma mère gère tout et est en train de craquer. C'est elle qui prend tout en charge, donc elle doit être en vigilance constante et penser à tout, tout le temps. Voilà, puisque mon père, je ne sais pas s'il perd un peu la mémoire immédiate, mais il oublie des choses, il ne va pas jusqu'au bout des choses et donc, si elle ne pense pas à tout, si elle ne gère pas tout eh bien ce n’est pas fait. Ça crée des tensions et ça crée aussi un épuisement physique et mental. Voilà, et moi j'aide par procuration mais je ne suis pas non plus disponible tout le temps et donc j'essaie de voir pour savoir quelles sont les solutions que je peux trouver pour mettre en place des systèmes avant que ça craque quoi. Et puis pouvoir les aider par la même occasion. J’essaie de voir des associations d'entraide pour les aidants et si je ne peux pas trouver des pistes aussi pour lui, pour avoir une espèce de soutien psychologique, parce que je sais qu'il n'est pas heureux non plus de la situation. Et puis je ne sais pas trop, chercher aussi à essayer de lui retrouver de quoi faire une activité physique qu'il n'a pas de lui-même et qui va baissante. Mais voilà, au moins, je sais à qui je peux essayer d'aller m'adresser. Déjà, ce sera une ouverture parce que pour l'instant, je n'avais aucune idée de ce que je pouvais faire. Alors, je me suis déplacée exprès parce que j'avais eu le flyer à la mairie parce que j'ai à mon domicile ma maman qui a 90 ans, qui pour autant est autonome dans tous ses gestes de la vie quotidienne, qui a juste un périmètre de marche qui a diminué à l'extérieur, qui ne se sent pas trop stable. Et du coup, c'est vrai que j'avais besoin d'informations sur comment obtenir la carte de stationnement sur les places handicapées. Parce que des fois, quand on se déplace, on est garées un peu trop loin et elle a un peu de mal donc ce n’est pas toujours simple de trouver la bonne place. Donc voilà, je me suis dit bon, j'ai du temps, il y a un endroit où on peut venir poser des questions, j'y vais. Alors j'ai mis en place tout l'administratif, tout ce qui est médical, les rendez-vous médicaux, toutes ces choses-là, j'ai mis en place un système de sécurité si jamais elle tombe parce que c'est arrivé une ou deux fois et nous, quand on rentre le soir, elle a pas réussi à se relever. J’ai mis en place une femme de ménage qui vient une fois par semaine pour un gros ménage. Voilà, je gère ça. Et puis après le reste... En fait, c'est compliqué ce statut d’aidant parce que moi, j'ai l'impression de faire mon travail de fille normale. Mes parents m'ont élevée, ils ont besoin d'un coup de main, je rends ce coup de main. Donc voilà ce mot “aidant”, on a l'impression que c'est vraiment si c'est non-stop toute la journée, on fait que ça. Moi, ma maman, elle est autonome. Alors effectivement, d'aller discuter avec elle, mais c'est mon boulot de fille. Pour moi, je le prends pas comme un travail d’aidant. C’est un sujet qui intéresse tout le monde et je suis vraiment ravi de vous accueillir... J’ai effectivement souhaité que la Caravane des Aidants puisse faire une étape à Champigny parce que c’est un vrai sujet de société aujourd’hui, beaucoup de gens aident mais sans le savoir, et donc on a véritablement un rôle particulier pour faire connaître la situation, le statut qui n’est pas forcément connu mais aussi tous les dispositifs qui accompagnent les aidants, et donc ces opérations d’aller vers le public pour qu’il puisse découvrir l’organisation que propose la Caravane des Aidants me paraît important dans une ville de près de 80 000 habitants, une ville en pleine mutation avec à la fois des personnes qui sont très jeunes, on a une ville plutôt jeune, et donc il y a un sujet sur les jeunes, on en parlait avec une des structures associatives qui est ici présente, et puis aussi des gens qui sont un peu moins jeunes mais qui sont aussi aidants dans différents cadres et situations, aussi bien des questions de handicap que des questions d’avancée dans l’âge. Donc tous ces sujets de société sont pour nous extrêmement importants, pour être mis en perspective à Champigny. L'idée de cette Caravane aussi, c’est que tous les acteurs, tous les professionnels autour de ces métiers puissent aussi se mettre en lien. On a des gens qui travaillent sur la question du handicap, d'autres qui vont travailler sur les Ehpad. Donc voilà, on a des situations diverses, mais d'avoir une pratique avec des échanges, je pense que pour des professionnels c’est important parce que des fois, ils n'ont pas toujours la réponse la plus adaptée et de savoir qu’il y a un autre partenaire en capacité de répondre à la situation, c'est aussi extrêmement important pour nous et c'est même précieux dans un territoire de pouvoir compter sur un réseau. JADE a été créé à l'époque par Françoise Ellien qui est présidente de JADE et qui, à l'époque, étant directrice d'un réseau de soins palliatifs, s’était rendu compte à quel point les jeunes aidants étaient peu visibles, peu identifiés et non reconnus en tant qu’aidants. Donc, elle a créé JADE avec une réalisatrice pour leur permettre notamment d'avoir du répit, dans le cadre d'ateliers cinéma-répit organisés *sur l'Ile-de-France. C'est une semaine, deux fois par an. Ils sont en général en deux groupes, les plus petits de 7-11 ans, et puis les ados, on va dire. Il y a aussi, évidemment, d'autres médias que le cinéma. Ça peut être aussi le théâtre, ça peut être aussi l'écriture ça peut être aussi... Vous retrouvez sur YouTube les réalisations de ces enfants qui vraiment décident de ce qu’ils ont envie de faire en groupe. Et ils sont accompagnés, comme je le disais, par ces professionnels, et de l'animation, et les psychologues, et la réalisatrice ou le réalisateur pour pouvoir verbaliser autrement et être accompagnés, c'est-à-dire partager aussi cette situation d’aidance, ce qu'ils vivent au quotidien. JADE aussi a cette mission de réaliser des études pour pouvoir identifier ces jeunes au lycée, au collège, les jeunes étudiants. Qui sont-ils ? Combien sont-ils ? Donc en lien avec le laboratoire de psychopathologie Paris Cité. Il y a des études qui ont été réalisées et qui continuent à être réalisées. Et puis ensuite, c'est aussi sensibiliser les professionnels, par exemple de l'Education nationale ou les professionnels du Conseil départemental, pour pouvoir justement identifier ces jeunes et pouvoir évidemment aller vers eux pour pouvoir les aider. Je vous incite à aller voir le film de François Chilowicz, c'est un documentaire : Plus grand que soi, qui explique bien ce que vivent les jeunes aidants c’est-à-dire qu'en fait, ils ont une charge mentale : faire des courses, être sollicités au quotidien par l’aidé... Et puis ils peuvent renoncer. Le problème, c'est ça, c'est que souvent ils sont dans le renoncement de loisirs, d'aller rencontrer les copains parce qu'il y a l'aidé à s'occuper, c'est toutes ces situations-là et le jeune aidant, ça peut être aussi évidemment un impact sur la scolarité, sur l'orientation, il n'y a pas obligatoirement l'écoute au niveau de l'Éducation nationale. Un professeur n'a pas obligatoirement la connaissance de ce que c'est qu'un jeune aidant donc on peut passer à côté. Or, ce jeune a besoin d'avoir un regard différent pour pouvoir être accompagné à la juste mesure. Je suis une jeune retraitée, j'ai pris un poste deux jours par semaine à l’Udaf pour venir en aide aux personnes qui sont en difficulté et on m'a intégrée au niveau de la plateforme des aidants qui consiste à promouvoir le Café des aidants qui a lieu dans plusieurs communes du département, ainsi que le Point conseil budget que j’anime, c’est-à-dire que je fais un diagnostic de la situation financière des gens qui ont des difficultés au tout début, et là, on peut intervenir, ou alors déjà dans des situations qui sont beaucoup plus avancées et plus complexes, on essaie de trouver des solutions sans aller... enfin pour éviter d’aller en tout cas aux dossiers de surendettement. Le public des aidants est très particulier car on est dans cette situation où aujourd'hui, à mon sens, il n’y a pas suffisamment de choses développées pour analyser la partie financière lorsqu'on devient aidant et qu’on est parfois obligé de stopper sa propre carrière. Alors évidemment, il y a des petites solutions et des petites choses qui ont été mises en place. Mais il reste beaucoup à faire et il faudrait venir considérer ce point qui parfois met des familles dans un très gros déséquilibre.