Je suis une maman
célibataire d'un jeune adulte trisomique
âgé de 27 ans.
Je suis donc venue ici parce qu'en tant qu'adulte,
ça devient de plus en plus difficile à gérer
et je suis à la recherche de toute information
qui pourrait faciliter notre quotidien à tous les deux.
Tout devient compliqué,
les démarches sont plus lourdes,
les aides sont différentes...
il faut vraiment aller à la pêche.
Les activités pour les adultes
sont pratiquement inexistantes.
Alors à part les associations
qui font des choses, il n’y a rien,
et c’est surtout ça que je suis venue voir,
s'il n’y a pas une idée à droite à gauche à pêcher
parce que je pense que c'est toujours
intéressant de rencontrer les gens qui sont
au quotidien de ça, qui sont professionnels.
Je suis prise entre :
je dois m'occuper de lui mais je n’ai pas envie,
je suis fatiguée et en même temps je suis responsable,
donc j'aimerais vraiment...
Je pense que la priorité,
c'est de trouver des loisirs pour eux
et des personnes qui viennent les chercher,
qui les font bouger.
En plus, il est fils unique,
donc on est ensemble le week-end.
Si ce n'est pas moi qui prend l'initiative
de dire on va faire ci ou on va faire ça,
il n'y a pas.
Du coup, on n'arrive pas à souffler, moi je n’y arrive jamais.
Je me dis :
quand est-ce que je vais commencer à vivre ?
Heureusement que je suis dynamique,
je fais des choses et justement, j'ai trouvé
dans la plateforme Emerjance du Casip,
vraiment un moyen de souffler
parce qu'ils proposent des activités
pour les aidants, notamment
des sorties, des visites d'expos...
Du coup, ça me donne une bouffée d'oxygène.
Sur la plateforme Emerjance,
nous avons deux SAVS,
des services d'accompagnement
à la vie sociale,
un qui accompagne spécifiquement
des jeunes adultes en situation de handicap,
tout type de handicap mental ou psychique
et tout handicap associé.
Et on a aussi un autre SAVS
qui lui accompagne également des adultes
en situation de handicap,
mais pas spécifique aux jeunes adultes.
Donc ce sont des travailleurs sociaux
qui vont accompagner les personnes
à la fois de manière individuelle
et il y a également un accompagnement collectif.
Donc on va proposer des activités,
des activités de loisirs,
mais aussi des ateliers pour développer l'autonomie.
Donc pareil, c'est sur des thématiques
qui sont changeantes,
qui s'adaptent aux besoins de chacun.
Donc le troisième, c'est un service justement dédié aux aidants,
aux proches aidants de personnes en situation de handicap.
C’est la spécificité de ce service pour...
ça peut être des questions administratives,
ça peut être un besoin d'orientation pour l'aidé.
Donc là, on va faire marcher notre réseau.
Mais il y a également des groupes de parole,
des cafés des aidants,
des sorties aussi culturelles.
J'accompagne mes parents qui sont sourds.
Je parle la langue des signes avec eux
et je fais l'interprète pour leur vie quotidienne
entre le monde des entendants et le monde des sourds.
Donc j'interviens vraiment auprès d'eux
quand il y a besoin de tout ce qui est démarches administratives
le docteur, voir l’administration, traduire pour eux,
faire des démarches administratives,
tout ce qu'on aime quoi !
Tout ce qui prend du temps et qui est chronophage.
Et j'ai besoin de savoir quel type de structure
peut m'aider concrètement,
ce qui me permettrait de faciliter ma vie d’aidante,
d’alléger le quotidien et faire que je puisse vraiment
avoir une relation...
pas que d'aide pour mes parents,
mais une relation de fille à parents surtout.
Mais après, j'ai pu voir qu'il
y avait aussi des informations
concernant des droits
que je connaissais pas.
Après, j'ai vu aussi
qu'il y avait par exemple un psy
à la Caravane des aidants.
Et je pense que mine de rien, donc,
dans l'aide qu'on peut apporter,
on s’oublie un petit peu quand même en tant qu’aidants.
Ce n'est pas évident de pouvoir parler
à des personnes de confiance
donc éventuellement,
un petit peu pour moi,
c'est de voir qu'il y a aussi un psychologue,
voir comment ça fonctionne.
Comment on pourrait, aussi,
passer un peu de temps avec soi-même
pour faire le point et avancer du mieux possible.
Je suis journaliste à la base
et j'ai eu à concilier ma vie professionnelle
avec ma vie d’aidante et j'avais peur
d'en parler à mon employeur.
Et quand je lui en ai parlé la peur au ventre,
il m’a dit : “il n'y a pas de problème”,
et c'est là où je me suis rendu compte
que ce n'était pas si évident, pour d'autres aidants
qui vivaient la même situation.
Et je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire,
c'est-à-dire libérer la parole.
Et là, j'ai créé avec une autre aidante, Sigrid Jaud,
on a créé une agence de conseil RH.
On accompagne les entreprises à mieux prendre en compte
leurs salariés aidants et à trouver des solutions
pour qu'ils puissent travailler en bonne intelligence
et en trouvant des solutions qui leur vont bien
par rapport à leurs besoins,
par rapport aux besoins de l'entreprise.
Et le but, c'est vraiment d’en parler, ouvrir, dialoguer.
Que les aidants osent en parler à leur employeur,
que les entreprises les prennent en compte.
L’association Le Lien Psy, c'est un collectif de psychologues
en libéral qui s'est réuni historiquement
pour permettre aux personnes isolées
d'accéder aux soins psychiques.
En allant à domicile, on a aperçu la détresse
qu'il pouvait y avoir chez les proches aidants,
les difficultés ou les besoins
qui étaient exprimés.
C’est apparu assez naturellement,
cette nécessité de proposer cette double prise en charge.
Il y a des aidants qui sont vraiment
dans des besoins de guidance
dans le présent,
avec leurs proches,
de soutien relationnel,
d'aide pour communiquer aussi,
quelle que soit la pathologie d’ailleurs,
neurocognitive ou une situation de handicap.
D'autres où ce n'est pas forcément la maladie, le handicap
qui est difficile à comprendre,
mais vraiment, il y a ce besoin d’un espace de parole,
d'exprimer tout ce qu'ils ressentent en lien avec l’aidance.
J'ai eu des échanges notamment
avec la Ligue contre le cancer.
Ça a été assez intéressant
parce que du coup,
ils sont très en demande par rapport
à leurs endeuillés.
On a senti qu'on allait pouvoir travailler ensemble,
je trouve ça vraiment qualitatif.
Centr’aider, c’est un dispositif régional
qui travaille à la lisibilité de l'offre
pour les aidants sur la région Ile-de-France
à travers différents outils.
Donc on a créé un site
qui s'appelle centraider.fr
qui permet de récupérer un petit peu toutes les informations
en termes de droit des aidants,
en termes d'outils pour les professionnels
qui ont besoin de se former
sur la problématique des aidants,
des outils pour évaluer le fardeau des aidants, etc.
On a également un moteur de recherche
qui permet, selon la pathologie du proche
qu'on accompagne, selon le besoin qu’on a,
de pouvoir trouver la ressource
sur la commune dans laquelle on réside
ou la ressource pour son proche
sur la commune sur laquelle il réside.
Et sur Paris, on a créé le Guide des aidants à Paris,
qui permet aux personnes qui n'ont pas accès à l’informatique
de pouvoir avoir
les ressources en termes de lieux d’information,
de solutions de répit, de lieu de formation
et d'informations juridiques, etc.
On sait très bien qu'aujourd'hui les aidants,
c'est un pilier de la prise en charge
indispensable pour l'État en fait.
Ce sont des gens qui travaillent gratuitement
pour soutenir des personnes qui sont en perte d'autonomie.
Donc ces personnes, on les soutient un maximum.
Il y a une psychologue qui est là à mi-temps.
Il y a aussi toute l’équipe
qui est toujours là, disponible
pour communiquer avec les aidants,
les soutenir, les écouter.
C'est hyper intéressant de rencontrer
les autres acteurs de santé.
Et aussi, j'ai croisé une dame
qui a un papa dans le 11ᵉ arrondissement
qui est en perte d'autonomie,
qui bosse juste à côté et qui passait par hasard,
et qui m'a donné son contact pour la contacter.
Vu le profil de son papa, je pense que ça va
vraiment pouvoir les aider tous les deux
parce qu'elle est assez inquiète pour son papa
et lui est en demande de sociabilisation.
J'ai l'impression, je le sens comme ça
et donc on va tout faire
pour raviver la flamme.
C'est ça notre métier, je trouve.
La Caravane contribue à donner
de la visibilité aux aidants.
Donc ma présence, c'est pour montrer
que c'est important de prendre soin des aidants.
Déjà, les aidants ont du mal à savoir
qu'ils peuvent potentiellement
avoir besoin d'être aidés.
Souvent, les aidants disent que c'est leur proche
qui est malade ou en situation de handicap
ou de perte d'autonomie.
Mais l'impact de l'aide sur les aidants
n'est pas anodine.
Donc, c'est important aussi
que les aidants prennent soin d'eux.
Donc, pour prendre soin d'eux,
il faut d'abord qu'ils soient sensibilisés,
qu’ils puissent se reconnaître en tant qu’aidants
et qu'ils puissent rencontrer des structures
qui peuvent les accompagner.
Les choses avancent, ça va dans le bon sens,
mais il reste encore beaucoup de choses à faire.
Déjà, faire en sorte que tous les droits existants
des aidants soient appliqués partout en France.
Parce que malheureusement,
il y a encore trop de départements
qui n'appliquent pas les dispositifs,
notamment le droit au répit dans le cadre de l’APA,
faire en sorte que le congé de proches aidants
soit indemnisé pendant toute la durée
possible du congé de proches aidants,
et pas seulement les trois premiers mois
et puis à moyen terme,
permettre que le congé de proches aidants
puisse être un maintien de salaire
et pas une diminution au niveau du budget
de l'aidant.
Il y a encore du chemin à parcourir,
mais ça va dans le bon sens.