Je suis proche aidant depuis vraiment trois ans et demi, quatre ans, avec une maman qui a 99 ans maintenant. Presque. Pas tout à fait, mais presque et qui est complètement dans la dépendance. Et voilà, dans la perte d'autonomie complète puisqu'elle arrive maintenant difficilement à marcher. Donc au départ, c'est cette situation pour laquelle, pendant une année, j'ai suivi une formation d'auxiliaire de vie par correspondance grâce à mon Compte Personnel de Formation, tout en travaillant. Voilà donc de manière à m'adapter à la situation et à partir de là, tout a commencé et je l'accompagne jusqu'au bout vers sa fin de vie chez elle. J'ai toutes les tâches ménagères, donc de la cuisine au ménage à l'aide immédiate et même maintenant pour tout ce qui est ses besoins naturels. Donc, c'est vrai que quelque part, la vieillesse, comme disait le général de Gaulle, c'est un naufrage. Mais tant que la personne garde le moral et qu'elle se trouve dans son contexte de vie, moi je trouve qu’elle a toujours le désir de vivre, même si parfois elle dit qu'elle en a marre. Donc moi, ça me stimule pour l'aider. J'ai pris la mesure d'aller sur le site de la Compagnie des Aidants et donc là, j'ai commencé un certain nombre de formations, mais des choses que je savais en partie puisque j'avais fait la formation d'auxiliaire de vie par correspondance. Et donc, du coup, j'ai découvert la Compagnie des Aidants, quand j'ai vu qu'elle passait à Trappes moi je suis ancien résident de Trappes, parce ce que maintenant je vis chez ma maman pour être en permanence présent nuit et jour. Donc le fait est que je me suis dit : “Allez j’y passe.” Je vais travailler à mon niveau aussi à une information sur les aidants. Donc là, j'ai contacté la pastorale de la santé sur le diocèse de Versailles et on est en train de travailler à la mise en place d'une journée donc je venais voir comment la Compagnie des Aidants pouvait être un soutien avec ce qu'elle constitue comme association. Parce qu'en réalité, je suis prêtre ouvrier, donc j'ai travaillé dans ma vie pour pouvoir effectivement avoir une dimension sociale de ce ministère particulier donc le sacerdoce d'être proche des autres, c'est un sacerdoce. Et donc, du coup, aujourd'hui, je reviens du syndicat dans lequel je participe à d'autres choses pour pouvoir aussi avoir une extériorité dans cette période de retraite. Parce que quand on est au travail, on a des relations, quand on n'est plus au travail, le risque, c'est l'enfermement sur une situation de dyade aidant-aidé. Voilà donc du coup, je suis présent avec ma mère jusqu’au bout et je continue dans ce sens-là, un vrai sacerdoce. On a rencontré ce matin pas mal de personnes venues chercher d'abord de l'aide pour elles-mêmes, pour la mise en place d'aide à domicile parce que ce sont des personnes vieillissantes donc pas forcément des personnes aidantes. Et ensuite, dans la matinée, on a eu des personnes qui se sont rapprochées de nous, qui avaient besoin d'aide et de soutien sur l'accompagnement de personnes à domicile qui vous accompagnent au quotidien, que ce soit des enfants, on a eu des enfants porteurs de handicap ou alors des personnes âgées. C'est beaucoup de fatigue à domicile, de la fatigue accumulée parce ce qu'ils ne se rendent pas compte en fait tout simplement qu'ils sont aidants parce que pour eux, c'est devenu une habitude d'aider, d'accompagner au quotidien. Et notre but justement, c’est de leur dire qu'il existe des aides pour être soulagés avec des auxiliaires de vie à domicile, des séjours de répit aussi, leur expliquer ce que c'est, les différents modes de financement. Et pour les enfants porteurs de handicap, c'est leur dire qu'ils ne sont pas seuls, qu'il y a des associations qui existent, qu'il y a le Département qui propose des aides au niveau de la MDPH justement pour les accompagner et voilà, leur trouver des solutions de répit au quotidien. On est ici pour présenter le projet, le dispositif Yes+ Yvelines étudiants seniors. Et le but de ce projet, c'est de recruter des étudiants pour aller visiter des personnes âgées. Donc le but de ce dispositif, c'est de lutter contre la précarité étudiante et lutter contre la solitude des personnes âgées. Donc le but d'un agent de convivialité, c’est d'aller au domicile des personnes âgées, leur rendre visite et faire de petites activités avec eux : des jeux de société, discuter avec eux, faire des promenades, des sorties. C'est un poste qui est rémunéré par l'agence Autonomy, les structures d'aide à domicile et les mairies. Au niveau des étudiants, comment ils vivent ça ? C'est très enrichissant pour eux. C’est un poste qu’ils n’ont jamais fait donc c’est très enrichissant puisqu'ils discutent avec les personnes âgées et apprennent aussi de leur côté de l'expérience des personnes âgées. Et au niveau des personnes âgées, c'est très apprécié. Ils ont de la visite, surtout de jeunes, de jeunes étudiants et ça a tellement marché que c'est un dispositif qui se renouvelle tous les ans. Je représente l'association Ensemble2générations qui vient sur la Caravane des Aidants pour proposer des solutions aux aidants qui sont plus particulièrement avec des parents âgés. Les jeunes nous trouvent très facilement par internet ou les réseaux sociaux sur lesquels on est assez présents. Quant aux aidants familiaux et aux seniors, c'est un petit peu plus compliqué d'aller les chercher. C'est un petit peu plus compliqué de lever les freins parce que ce n'est pas toujours facile d'accepter de l'aide ou d'accepter d'ouvrir sa porte à quelqu'un d’inconnu, d'étranger au sens propre du terme. Pour les seniors qui sont très peu autonomes et qui vont avoir besoin d’une présence rassurante le soir et la nuit, l'étudiant s'engage à être présent cinq soirs par semaine et deux week-ends par mois, le soir et la nuit donc, en échange d’un logement à 10 € par mois. Le jeune qui va apporter des petits services et une présence quasi quotidienne, en tous cas assez régulière, lui va peut-être prendre le temps de trois dîners par semaine, ramasser le courrier, aider à faire deux ou trois courses. Ce sont les petits services qui sont demandés mais la présence est moins lourde et donc là, le jeune va être logé pour 150 € par mois. Et chez les seniors, les plus jeunes, ceux qui sont parfaitement autonomes, ce ne sont pas forcément les plus jeunes, mais en tout cas ceux qui sont parfaitement autonomes, là, ce qui est attendu, c'est un présence sympathique et agréable pour rompre la solitude. Et à ce moment-là, c'est un petit... C'est une contrepartie financière qui reste modeste puisqu'on est 30 % en dessous des prix du marché. Mais on va être sur des logements typiquement en Ile-de-France à environ 300-350 €. Paris intramuros sera plus cher et la province est à peu près comme Paris, certaines villes un petit peu moins chères. Pour nous, l'objectif et l'enjeu, c'est vraiment de se faire connaître, se faire connaître des aidants familiaux, se faire connaître des seniors s'il y en a qui passent, ça peut être aussi... On a des aidants parfois, c'est le conjoint qui est aidant de son mari ou de sa femme et qui a besoin aussi de répit pour souffler parce que je repense à un monsieur des Yvelines qui, lui, avait sa femme un peu en fin de vie et qui n’osait plus partir du domicile même pour faire les courses, et encore moins pour aller faire des balades à vélo. Pourtant, il y avait moins de 75 ans, donc jeune, et ça l’a beaucoup soulagé de savoir qu'il y avait quelqu'un qui était là deux après-midi par semaine, parce qu'il y avait des après-midi où il n'y avait pas cours et ces deux après-midi là, il pouvait les faire. Il pouvait recommencer à faire du vélo avec les copains, ils pouvait aller faire les courses sereinement, il savait qu’il y avait la petite étudiante qui était là pour son épouse.