Il y avait des tas de petits problèmes, comme de l'incontinence, l'absence de mobilité.
Il fallait gérer, il fallait récupérer une chaise volante, il fallait passer les commandes quand j'étais en train de travailler, le déambulateur, le fauteuil de douche.
Je téléphonais 3-4 fois à la maison pour savoir si l'hôpitaire s'en sortait.
Elle aussi, elle me téléphonait 4-5 fois pour me dire des choses complètement banales qu'elle aurait dû savoir, et moi, j'essaie d'y passer.
Vous venez d'écouter Daniel.
Elle travaille pour une grande entreprise, mais du jour au lendemain, elle a dû s'occuper de son père, devenue dépendante.
Et comme vous l'entendez, c'est difficile pour elle de combiner l'entrée dans les danses et une poursuite normale de son activité professionnelle.
Je suis Yoram Eloul, et vous êtes avec nous pour un épisode de La Voix des aidants, le podcast de la compagnie des aidants.
Nous nous penchons aujourd'hui sur la situation des salariés aidants, qui, comme Daniel, se retrouvent face aux difficultés provoquées par les danses.
Et ça concerne beaucoup de monde, puisque la moitié des aidants travaillent, et qu'un aidant sur cinq est salarié.
Pour discuter de cette thématique et comprendre comment les salariés aidants peuvent concilier leur vie personnelle et leur vie professionnelle, je ne suis bien sûr pas seul.
J'ai à ma gauche Claudie Culac, la directrice générale de la compagnie des aidants.
Bonjour, Claudie.
Bonjour.
Et à ma droite, Stéphanie Voileau, qui est assistante sociale au sein du cabinet LIPSocial.
Alors Stéphanie, quand on entre dans les danses, est-ce qu'il faut immédiatement prévenir son employeur ? Parfois, ce sont des situations personnelles et très personnelles, les gens n'ont pas forcément envie d'en parler à leur employeur.
Donc c'est souvent là que nous entrons dans la danse, les assistantes sociales.
Du travail, on se met à disposition des personnes et on échange avec l'aidant pour l'aider dans ses démarches personnelles, dans un premier temps.
Et dans un second temps, si ça a un impact sur le travail, à ce moment-là, on encourage les aidants à en parler avec leur manager de proximité ou avec les ressources humaines pour pouvoir avoir un dialogue et mettre en place des aides pour pouvoir les soutenir.
C'est-à-dire que concrètement, le premier réflexe, c'est de se tourner vers l'assistant, l'assistante sociale ? Le premier réflexe, parfois, c'est de se tourner vers son manager ou ses collègues de proximité.
Après, quand on est bien repéré dans l'entreprise, on peut être le premier relais pour ces questions-là.
Est-ce qu'il n'y a pas des risques de stigmatisation des aidants au sein de l'entreprise, voire de pénalisation des aidants par leurs employeurs ? On a des employeurs qui sont très bienveillants et très à l'écoute.
Maintenant, heureusement qu'on parle de plus en plus de cette question-là dans les entreprises parce que ça permet aussi d'informer les employeurs et que leur regard change aussi parce qu'on a aussi des personnes qui sont stigmatisées ou les employeurs ne comprennent pas.
Et c'est aussi difficile pour eux d'avoir des salariés qui s'absentent ou qui ne peuvent pas être à 100 % dans leur travail.
Les aidants qui viennent te voir sont dans quel état ? Quelles sont les questions que ces personnes-là te posent ? En général, ce sont des personnes qui ont fait beaucoup de démarches par elles-mêmes, qui ont tapé à des portes où il n'y a pas eu forcément d'ouverture et qui attendent que nous, on puisse leur dresser le panel des aides possibles.
Qui sont ? Il y a le congé proche aidant, on l'attendait depuis très longtemps en entreprise.
C'est déjà une première possibilité et c'est vrai que ça soulage dans l'organisation du quotidien.
Une journée d'absence ou une semaine d'absence sur un an chaque mois, ça peut être une bonne aide.
Est-ce que tu pourrais peut-être commencer par expliquer ce qu'est le congé proche aidant ? Alors le congé proche aidant, ce sont des jours de congé qui sont financés par la CAF.
Donc il y a un nombre de congés à prendre sur une année, c'est renouvelable trois fois.
On peut le prendre fractionné, donc à raison par exemple d'une journée par semaine ou en trois mois d'un coup.
Comment on en fait la demande ? Alors il faut d'abord solliciter la CAF, se connecter sur son compte CAF.
fr et en faire la demande ou récupérer un formulaire et l'envoyer à sa CAF de proximité.
Et en parallèle, il faut en faire une demande écrite à son employeur qui a un délai de deux mois pour répondre à la demande.
Ce qui peut poser des difficultés du coup.
Tout à fait parce qu'en général on est dans l'urgence et du coup ce dispositif peut être sollicité quand même en cas d'urgence donc sur présentation d'un certificat médical pour que l'employeur puisse donner une réponse rapidement.
Maintenant c'est un dispositif qui met du temps à se mettre en place et les financements derrière de la CAF peuvent être longs à obtenir.
C'est-à-dire concrètement combien de temps ? Ça varie en fonction des départements mais on a des délais en ce moment entre deux à trois mois voire plus.
Est-ce que les gens que tu vois sont parfois découragés par ce temps-là ? C'est vrai qu'on a des entreprises qui ne sont pas toujours au courant du dispositif, des salariés qui ne le sont pas non plus et donc qui ne pensent pas à le solliciter et derrière une lourdeur administrative.
Et après quand le salarié sollicite son médecin, encore faut-il que son médecin soit à l'écoute de sa demande d'arrêt puisqu'il faut pouvoir mettre en avant des problèmes de santé et souvent ils sont sous-jacents.
Après il y a des dispositifs qui sont mis en place par les entreprises elles-mêmes qui sont aussi en grande aide.
Ça peut être des CESU, les collectivités aussi le font pour soulager, mettre en place des aides à domicile, des financements.
Des CESU, tu peux préciser ? Oui bien sûr ! Des chèques emploi-service universels qui permettent de payer une aide à domicile et avec un financement de l'employeur.
Ça représente quoi ? Ça dépend de l'employeur, ça dépend de la collectivité, c'est vraiment aléatoire.
Et pour les avoir ? Alors soit c'est mis en place par le service des ressources humaines, donc les entreprises, les salariés demandent directement aux ressources humaines, soit c'est mis en place par le comité d'entreprise ou le CSE, le comité social d'entreprise.
Et parfois ça peut être aussi les départements ou les mairies qui mettent en place ça localement.
Le sujet concerne, je le disais au début, beaucoup de monde.
L'une des petites preuves c'est qu'on a reçu énormément de réponses quand on a fait un appel à témoignage.
Claudie, je me tourne vers toi.
Comment font les salariés ? A dire vrai, ils ne trouvent pas toujours d'équilibre entre leur vie professionnelle, leur vie perso et leur rôle d'aidant.
Donc ils vont aménager le temps dont ils disposent.
Je dirais, tu vois, une fois qu'ils ont terminé leur journée de travail, tu comptes en plus les déplacements parce que beaucoup de salariés n'habitent pas à cinq minutes de leur travail.
Donc là, ils vont aménager ce temps, ce temps qui leur reste.
Donc ils vont souvent sacrifier leurs amis.
Ils vont sacrifier leur temps libre.
Ils vont sacrifier le temps qu'ils ont, le temps des jours de congé.
Tout ça pour s'occuper de ce proche fragilisé parce qu'ils ne peuvent pas se priver de ce travail.
Et ils doivent, parce qu'ils aiment leurs proches, prendre soin de lui.
Donc, si tu veux, ils sacrifient quelque part.
Ce temps, ils ne vont plus au ciné, ils ne reçoivent plus leurs amis.
Ça doit avoir un impact terrible sur les aidants que tu rencontres.
Bien sûr, ça a un impact terrible.
Parce que si tu veux, d'abord, il y a le stress quand tu bosses et que tu sais que ton proche est tout seul à la maison avec sa pathologie.
Tu t'angoisses.
Ou quand tes parents sont éloignés de toi parce que les personnes âgées n'habitent pas toujours dans la même ville que leurs proches.
Ils vont parfois vivre en province.
Et donc, cet éloignement, ça crée du stress pour cet aidant, de l'angoisse, de l'anxiété.
Puis aussi peut-être l'angoisse de ne pas pouvoir mener sa carrière correctement.
On va y revenir plus tard.
Là, j'aimerais revenir sur les entreprises qui ont, on l'a dit très clairement, un rôle à jouer vis-à-vis des salariés aidants.
Encore, faut-il pouvoir en parler librement ? On en discutait tout à l'heure.
Je vais reprendre l'exemple de Daniel.
La communication, pour elle, est devenue très difficile avec son employeur qui n'a pas réussi à répondre correctement à ses besoins.
Tout était bloqué.
Il ne pouvait pas gérer l'urgence.
Il ne pouvait pas accepter non plus les arrêts maladie.
Et pourtant, les arrêts maladie, c'était vraiment pour dépression ou pour décompensation un peu.
Parce que ça, évidemment, ça ne laissait pas mon mental intact.
C'est quand même mon père.
Il n'avait aucune compréhension avec un grand A.
Aucune.
Je me sens mal parce qu'on est en train de me dire, je vais vous appeler, je vais vous dire qu'il n'y a plus de travail.
C'est quand même un être humain qui est là et dont je dois m'occuper.
Stéphanie, dans une situation comme celle-ci où les employeurs n'ont aucune compréhension, je cite Daniel, que faut-il faire ? On prend notre casquette de médiateur et on essaye de sensibiliser l'employeur aux difficultés.
Alors c'est vrai que ce n'est pas toujours évident parce que les aidants, ils sont pris aussi dans leurs difficultés.
On essaye en tout cas d'objectiver un petit peu les difficultés pour pouvoir nous-mêmes les rapporter à l'employeur.
Et il faut qu'en retour, l'employeur soit à l'écoute de nos sollicitations.
Et aussi, on travaille main dans la main avec le service de santé au travail.
Parce qu'en général, c'est bien quand on est plusieurs à faire remonter les choses qui ne fonctionnent pas bien et les difficultés des aidants.
Et au niveau des employeurs, il y a quelque chose que je ne comprends pas.
Quel est leur intérêt de s'adapter aux salariés aidants ? Parce que finalement, ils peuvent vous dire, je suis face à des gens qui sont moins productifs, qui ont besoin de prendre du temps.
Pourquoi est-ce qu'ils vont aller faire ce qui arrange ces aidants ? Quels sont les arguments en faveur d'une adaptabilité de l'employeur ? La première déjà, c'est que son salarié se sente bien dans son poste et pouvoir adapter le poste à son salarié.
C'est aussi un salarié qu'il a pris du temps à former, qui est investi, qui connaît son poste.
En général, les aidants sont des personnes très investies dans leur poste, qui sont des collaborateurs où ça fonctionne bien.
Et la situation fait que du jour au lendemain, ils se retrouvent en difficulté et très en difficulté souvent.
C'est un intérêt, je pense, pour l'employeur aussi, de pouvoir que la personne puisse adapter son temps de travail.
Et en général, ça ne dure pas non plus des années.
L'essentiel, c'est de pouvoir apporter des dispositifs pour les aidants, pour qu'après, ils puissent reprendre une vie peut-être pas normale.
Mais en tout cas, retrouver l'équilibre.
C'est-à-dire que la phase d'adaptation, c'est vraiment un passage vers quelque chose de plus normalisé après.
Il y a une phase critique ? Tout à fait.
Il y a toujours une phase critique.
Et c'est vraiment là où nous, on va apporter les outils pour que justement, on puisse repartir sur plus de fluidité dans la vie personnelle et dans la vie professionnelle.
Pour compléter les propos de Stéphanie, je dirais que ce salarié, c'est un atout pour l'entreprise.
Parce qu'il est souvent très fidèle à son entreprise.
Il sait gérer des situations de crise.
Il est aussi une ressource pour ses collègues parce qu'il est passé par des moments difficiles.
Donc, capable d'orienter ses collègues de bureau ou ses collègues à l'usine ou ses collègues tout court.
Moi, je dis souvent au RH, vous ne pouvez pas vous priver de ces salariés-là.
Donc, adaptez leur temps de travail, leurs conditions de travail parce que c'est une ressource, une ressource pour vous.
Parce que c'est des personnes qui savent aussi, j'imagine, il y a des compétences qui sont développées quand on est dedans.
Oui, bien sûr.
C'est un argument, ça ? Mais bien sûr, c'est un argument.
Quand je te dis qu'ils savent gérer des situations de crise, souvent dans l'entreprise, tu as des situations de crise.
D'accord ? Il faut savoir s'adapter.
Il faut savoir comprendre quelles sont les problématiques auxquelles il faut apporter une réponse.
Eux, c'est leur quotidien avec leurs parents.
Et puis, autre chose qui me semble être essentielle, si tu veux, nous, les humains, c'est dans notre ADN que de prendre soin d'un proche qui est notre parent, notre enfant, notre mari.
Et on est constitué comme cela.
D'accord ? Donc, ce n'est pas parce qu'on travaille qu'on va mettre de côté le fait qu'on a de l'empathie et qu'on se doit de prendre soin de nos proches.
Donc, chacun doit en tenir compte avec le vieillissement de la population, l'augmentation des maladies chroniques.
Tout le monde doit comprendre que c'est un sujet qui va tous nous toucher.
Oui, parce que quand tu dis qu'on ne peut pas mettre de côté ses sentiments, on l'a entendu chez Daniel dans le premier son où elle dit « moi, il faut que je réfléchisse à la chaise roulante, il faut que je réfléchisse à comment adapter l'appartement, etc.
» On ne peut pas mettre de côté ses sentiments vis-à-vis de son proche.
Mais du côté de l'entreprise, il y a quand même une forme de conflit d'intérêts.
Enfin, je reviens un peu là-dessus.
Qu'est-ce qu'ils te disent les employeurs ? Quelles réactions ils ont ? Il y en a qui te disent « on ne veut pas en entendre parler, ce n'est pas notre problème ».
Non, on n'en est pas jusqu'à là, mais c'est un problème à gérer dans l'organisation de travail.
Parce que chez Daniel, c'était très clair.
Le message passait par.
Elle dit « il n'y a pas de communication ».
Il y a des personnes qui quittent leur poste ? Il y a des personnes qui quittent leur poste, qui arrivent à des licenciements à cause de ça, ou des périodes d'essai qui ne sont pas validées à cause de ça.
Oui, parce que Daniel le dit d'ailleurs.
On m'a dit « il n'y aura peut-être plus de travail pour toi ».
C'est légal, ce genre de pression ? Non, la pression n'est pas légale et le licenciement pour ça n'est pas légal.
Mais de toute manière, la personne finit par s'épuiser et d'elle-même se met en retrait de son poste.
Ça a des arrêts longs ou des abandons de poste parce qu'il n'arrive pas à tout gérer.
Et derrière, il y a des conséquences financières très importantes.
Si tu veux, il y a un moment où tu peux être contraint d'arrêter de travailler.
Si tu n'as pas d'aide à domicile, si ton parent habite loin de chez toi, si la pathologie de ton proche est invalidante.
Tu vois, toutes ces situations complexes.
Parce qu'il faut reconnaître que les métiers de l'aide à la personne, ce sont des métiers en tension.
Parce qu'on n'a pas forcément des aides à domicile facilement et que ça a un coût.
Et que souvent, les aidants sont amenés à prendre en charge ce coût.
Donc nous, on leur dit qu'il faut absolument qu'ils restent dans l'emploi.
Sinon, ils vont vers une situation de précarité.
Parce que quand tu n'as plus de salaire, tu ne peux plus payer tes charges et vivre correctement.
Donc du coup, c'est une question de justice sociale.
Les aidants doivent rester en emploi pour avoir ce salaire et pour pouvoir subvenir à leurs propres besoins et aux besoins du proche.
Alors justement, des aidants, des aidantes qui arrêtent de travailler.
Moi, j'en ai rencontré une, elle s'appelle Monique.
Elle est à Marseille et elle exerçait ce que les Marseillais appellent affectueusement le métier de tata.
C'est-à-dire l'employé chargé de travailler à la cantine de l'école.
Mais il y a quelques années, les médecins ont découvert le semi-myéloïde chronique à son mari.
Et depuis, comme on le comprend dans ce témoignage, Monique a quitté son poste.
J'ai dû arrêter de travailler.
Quand on a parlé d'opération du cœur, c'est là où j'ai commencé ma dépression.
Je pleurais beaucoup.
Donc, j'ai vu un psychiatre qui m'a donné des cachets pour rééquilibrer un peu mon.
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Et donc, je me suis arrêté de travailler.
Ça m'a un peu coupé du monde dedans parce que je me suis.
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Comment je pourrais dire ? Je me suis occupé plus que de mon mari.
De mes enfants aussi, mais surtout de mon mari.
Et au jour d'aujourd'hui, ma priorité, c'est mon mari.
On est en plein dedans, là.
Merci, Monique, parce que vraiment, ce témoignage est très très très précieux.
Parce qu'elle dit précisément ce que moi j'entends de mon côté quand je reçois des aidants.
Elle dit qu'en fait, elle se coupe des autres.
Et le travail, c'est aussi le moyen de rester, d'avoir ce lien social avec ses collègues qui sont si précieux, qui peuvent conseiller, qui peuvent soutenir, qui peuvent aider.
Et quand, comme elle le dit très bien, quand un mari, comme son mari, tombe malade et il y a une maladie invalidante, elle n'a pas eu le choix.
Elle n'a pas eu le choix de s'arrêter pour s'occuper de lui et de mettre de côté sa vie.
Et tu arrives à, j'allais dire presque, à retenir les gens dans le travail, les garder dans le travail quand ils sont dans des situations de stress très très importantes, comme l'était Daniel au départ.
Tu as les outils pour le faire, parce que ça a l'air.
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Là, par exemple, Monique, elle n'a pas beaucoup réfléchi.
Elle a tout de suite arrêté son travail.
Elle n'avait pas une assistante sociale à l'écoute, c'est ça.
Oui, en fait, en général.
Alors nous, en plus, ça nous tient à cœur parce qu'on est dans le cœur de notre travail et de notre écoute et de notre soutien.
On fera tout, justement, la valeur travail, c'est au cœur de cet accompagnement-là.
Et on le met en avant pour que, justement, on leur dit.
C'est très important parce que, effectivement, c'est un lien social, mais c'est aussi un lien financier.
Derrière, s'ils n'ont plus de salaire, c'est difficile de subvenir à leurs besoins et aux besoins de leurs proches.
Donc, du coup, c'est contre-productif.
Et puis, s'ils ne travaillent plus, ils ne cotisent plus à la retraite.
D'accord ? Donc, sur le long terme, ils se mettent en danger.
Donc ça, c'est important aussi de leur dire.
Parce que c'est le seul moyen, aujourd'hui, d'avoir une retraite que de travailler.
Mais je ne veux pas me faire l'avocat du diable, mais ça paraît infaisable.
Je veux dire, moi, si j'étais concrètement dans la situation de Danielle, je comprends qu'elle dise que je n'arrive pas à tout gérer.
Et c'est là où, vraiment, je ne veux pas vous rentrer dedans d'une certaine manière, mais comment on fait ? Est-ce que tu as d'autres outils que tu donnes aux aidants ? Alors, la première chose, c'est qu'en situation de crise, en général, effectivement, c'est un arrêt.
On stoppe le travail pendant un petit temps.
En général, en plus, l'employeur, lui, il arrive à trouver une solution.
Et après, on gère la situation de crise et on revient au travail avec des aménagements de postes, donc temps partiel, thérapeutique, etc.
, progressifs.
Et après, comme ça, ça permet de vraiment mettre en place toutes les aides et de revenir dans les meilleures conditions au travail.
C'est sûr que ce ne sont pas les conditions d'avant, mais ce sont des conditions où on est vraiment dans la recherche de l'équilibre vie professionnelle, vie personnelle.
C'est ne pas revenir à la situation d'avant.
Il ne faut pas rester attaché à l'idée que, finalement, après le début des danses, on va pouvoir revenir à une situation qui était celle d'avant les danses.
Tout à fait.
Et c'est pour ça qu'on travaille vraiment avec la compagnie des aidants, qui est un de nos outils, pour justement mettre en place tout un travail avec l'aidant sur la formation, parce que c'est aussi presque un autre métier.
Et l'écoute, ça peut être aussi une orientation en soutien psychologique, ce qui lui parle à l'aidant pour avancer au mieux dans cette situation.
On ne le répétera jamais assez, les assistantes sociales sont indispensables dans notre société.
C'est elles qui connaissent le parcours pour obtenir ces droits et ce qu'il faut mettre en place quand on a une difficulté dans son quotidien.
Malheureusement, il n'y en a pas assez aujourd'hui dans les entreprises.
Donc, il est vrai qu'on travaille avec tout un réseau d'assistantes sociales qui vont en entreprise pour orienter les salariés et leur donner les réponses adaptées à leurs problématiques.
Parce que d'un salarié à l'autre, tu n'as pas la même réponse.
Parce que la problématique, la situation de vie, le lieu où ils vivent, tout ça a une incidence aussi sur la réponse qu'on va leur donner.
Oui, on y revient assez souvent.
Il faut avoir quelqu'un avec qui prendre le temps.
Et prendre le temps, on l'a évoqué tout à l'heure, c'est aussi le congé proche aidant.
Alors, vous avez dit que ça existe.
Moi, j'aimerais savoir jusqu'à quel point ça marche.
Quelles sont les limites ? Oui, alors tu sais et beaucoup le savent qu'on a beaucoup milité pour ce congé de proche aidant.
Au départ, il n'était pas indemnisé.
Puis, on a réussi à ce qu'il soit indemnisé, mais pas suffisamment.
C'est combien aujourd'hui ? Ça représente quoi ? C'est un tout petit SMIC, c'est ça on peut dire.
Donc, si tu veux, si tu as l'habitude d'avoir un salaire à hauteur de 3000 euros et que tu te retrouves avec le SMIC alors que tu as des charges qui correspondent à ce salaire et qu'en plus, tu as un coût avec ton proche.
Payer l'essence pour se déplacer, payer des produits divers et variés, faire ses courses, etc.
Tu ne peux pas te priver de ton salaire.
Donc, pour nous, si tu veux, notre lutte, c'est de faire comprendre que cette indemnité n'est pas suffisante.
La durée est trop courte.
Trois fois renouvelable, trois fois tu parles.
Ce n'est pas assez parce que qu'est-ce que tu fais une fois que tu t'es occupé de papy Marcel ? Tu ne vas pas pouvoir t'occuper de mamie Jeanne.
Donc, il y a un sujet de durée et d'indemnité.
Donc, qu'est-ce que font les salariés aujourd'hui ? Ils prennent des congés maladie.
Donc, si tu veux, les résultats sont très mauvais.
Il ne faudrait pas croire que nos instances supérieures pensent que ça ne correspond pas à la demande des salariés.
C'est qu'il n'est pas du tout adapté à ce que nous nous demandons depuis des années.
Qu'est-ce qu'il faudrait faire de plus ? Plus d'indemnités, plus de temps, plus renouvelable, plus facilement, c'est ça ? Oui, bien sûr, il faut que tout le monde soit sensibilisé aujourd'hui dans le monde économique sur ce sujet de la conciliation des temps de vie et du rôle essentiel des aidants.
Et à partir du moment où tout le monde comprendra que chacun d'entre nous peut être confronté à l'aidance et un jour sera aidé, d'accord, et ne voudrait pas du coup être tout seul chez lui, sans manger, sans boire, sans être changé, sans quoi que ce soit.
Donc, une fois qu'on aura compris ça, que le sujet de la perte d'autonomie n'est pas assez adressé dans notre société, on ne fait pas de pédagogie sur ce sujet-là.
Une fois que tout le monde aura compris ça, alors la société pourra enfin bouger et s'adapter et mettre en place.
Et je rajouterais un point essentiel, c'est que les danses, c'est très genré, c'est-à-dire c'est beaucoup de femmes.
Donc là, on parle d'un sujet, d'un sujet qui est le droit des femmes, le droit des femmes de garder leur emploi et de continuer à vivre leur vie pour ne pas tomber demain dans la précarité.
Donc, voilà tous ces sujets qui m'animent au quotidien.
Des femmes qui ont déjà des carrières souvent hachées, d'ailleurs.
Oui, hachées, une rémunération qui n'est pas égale à celle des hommes, bien qu'il y ait beaucoup d'efforts consentis aujourd'hui, mais il y a encore un peu de chemin à parcourir.
Sur le congé prochain, dans un dernier mot, Stéphanie, les gens que tu vois s'en emparent ou ils continuent, comme le dit Claudia, parfois préférer un arrêt maladie parce que c'est plus simple.
On commence à voir les deux.
Il y a un moment où c'était quasiment pas utilisé et en plus, ces entreprises ne savaient pas comment le mettre en place.
Ah oui, c'est ça aussi, il faut former les entreprises.
Et ça va un peu mieux, je dirais.
On l'utilise un peu plus, mais je pense que c'est encore trop l'arrêt maladie qui est utilisé.
Je crois qu'il y a un gros boulot fait aujourd'hui par des acteurs majeurs comme l'Agir Carco et ses membres qui nous envoient dans les entreprises pour faire de la sensibilisation et pour que ça bouge de l'intérieur.
Et donc, il y a des actions qui sont menées pour que cette sensibilisation soit faite entreprise par entreprise, pour que ça bouge, pour que les RH soient plus familiarisés aux droits, que ce soit plus simple pour eux à mettre en place et que aussi les salariés sachent à qui s'adresser et comment faire.
Moi, je suis très naïf.
L'Agir Carco, qu'est-ce que c'est ? Alors, l'Agir Carco, c'est une fédération qui réunit des groupes de protection sociale.
Je t'en donnerai trois parce qu'ils sont nombreux, comme Malakoff Humanis, AG2R, Clésia.
Et qui sont en fait des groupes de protection sociale qui sont nos retraites complémentaires, nos prévoyances dans les entreprises.
On a beaucoup parlé du lieu de travail, mais il y a aussi l'organisation à l'extérieur.
Et même avec un employeur compréhensif, il y a d'autres réalités qui s'imposent aux aidantes et aux aidants.
Je vais vous donner un exemple.
Sonia habite dans un petit village à 15 minutes de Strasbourg en voiture, mais une heure en transport en commun.
Elle loge avec son mari et sa fille Chloé, qui a un taux d'incapacité à 80%.
Conséquence de la crise des vocations, elle n'arrive plus à trouver d'auxiliaire de vie sociale à domicile pour rester avec Chloé.
Et c'est en partie dû à sa localisation géographique.
Tous les matins, je regarde mon téléphone.
Je regarde si je n'ai pas un petit clignotant qui est en train de clignoter en me disant « tiens, c'est l'AVS qui m'a téléphoné » ou « c'est le prestataire qui m'a téléphoné pour me dire que l'AVS ne viendra pas ce matin » ou bien qu'elle a démissionné à l'arrêt de travail ou autre.
Et ça, ça fait environ six mois que ça dure.
On n'est plus tranquille, en fait.
On ne se couche pas le soir en disant « ok, demain, je vais au boulot et c'est bon ».
Pas du tout.
On ne peut pas se projeter.
Et comme dit, on ne peut même pas répondre à des offres qui sont plus intéressantes, que ce soit niveau salaire, au temps de travail et autres, parce qu'on a cette situation au domicile.
La pénurie d'auxiliaires de vie, ça a aussi un impact sur l'économie et la vie des gens qui travaillent.
Ça, c'est des situations dans lesquelles tu te retrouves, Stéphanie, des gens qui disent « vous êtes bien gentils, mais on n'a personne à la maison pour nous aider ».
Tout à fait.
C'est effectivement l'une des difficultés.
C'est pour ça qu'on a des aidants qui s'arrêtent longtemps, parce que les aides sont difficiles à mettre en place et ça prend du temps.
Qu'est-ce qui peut être amélioré à ce niveau-là ? Alors là, je pose la question vraiment au-devant.
Si tu veux, je vais prendre ma casquette de conseillère au CESE.
On a porté un avis avec la Commission Travail et Emploi sur les métiers en tension et on en a porté un autre sur les métiers de la cohésion sociale.
Donc, on voit très, très bien ce qui se passe aujourd'hui.
C'est-à-dire d'abord souvent des jeunes qui ne connaissent pas ces métiers, des métiers qui sont pénibles, des métiers qui sont peu rémunérés alors qu'ils sont indispensables.
On s'en est rendu compte pendant la crise Covid.
Donc, il y a à valoriser ces métiers, à mieux les rémunérer, à ce que ces gens qui ont des travails pénibles aient un aménagement de leur temps de travail, peut-être travailler à mi-temps en ayant un bon salaire et puis leur proposer autre chose peut-être à côté.
Il y a un vrai sujet parce que du coup, comme il n'y a pas assez d'assistants, d'aides à domicile, tu as des aidants qui sont amenés à faire des gestes techniques sans avoir appris à le faire, qui peuvent se blesser, blesser leurs proches.
C'est comme ça qu'est née en fait notre plateforme de formation pour leur expliquer comment tu fais pour relever quelqu'un qui a chuté pour faire un transfert du lit au fauteuil.
Donc, on peut compter bien évidemment sur l'engagement des aidants, mais il faut avancer sur ce sujet parce que ce sont des métiers non délocalisables aussi, dont on a cruellement besoin, surtout face au vieillissement de la population.
C'est-à-dire qu'on ne peut pas compter que sur les bonnes volontés personnelles.
Il faut au niveau institutionnel ou en tout cas plus global trouver des solutions.
Là, par exemple, ce témoignage, Sonia, c'est une personne qui habite un peu loin d'un centre-ville.
Les aidants ne sont pas aussi égaux selon leur situation géographique, leur situation économique, etc.
Nous qui tournons chaque année avec notre caravane Tous aidants, on reçoit évidemment beaucoup d'aidants puisque c'est 7000 aidants à chaque tournée.
Enfin, en tous les cas, la tournée de l'année dernière et beaucoup évoquent ce sujet en fait de trou dans la raquette, si tu me permets ce terme.
Et il faut trouver des solutions.
Donc, par exemple, je me rappelle comme ça d'un service à la personne dans le sud de la France, pas le sud de la côte d'Azur, le sud rural.
Leur problème, c'était les véhicules.
Que tout le monde puisse avoir un véhicule qui marche hors la flotte de véhicules était vraiment très âgé.
Ils n'avaient pas les moyens, ce service, de renouveler cette flotte automobile.
Et comment tu fais quand tu as des gens qui sont dans la montagne ? Tu ne vas pas envoyer ton aide à domicile à vélo.
On arrive au bout de cet épisode.
Dans la voix des aidants, nous avons conscience que les sujets que nous traitons ne sont pas toujours faciles à aborder.
Et vos témoignages sont précieux pour permettre de faire exister le sujet de l'aidant, c'est d'informer les auditeurs et les auditrices concernées.
Pour cette raison, je remercie chaleureusement Sonia, Daniel et Monique qui ont accepté de témoigner, mais aussi celles et ceux qui nous ont contactés et à qui nous n'avons pas pu donner la parole sur cet épisode.
Merci Stéphanie, merci Claudie pour votre présence.
Si vous connaissez des personnes que le sujet intéresse ou concerne, n'hésitez pas à en parler avec elles ou à partager l'épisode.
De mon côté, je vous dis à bientôt dans la voix des aidants, le podcast de la compagnie des aidants.