Clé N° 10 : Aidants exprimez -vous !

On est aidant.

Cela se vit au présent. Ce rôle vous préoccupe entièrement. Vous êtes contraints dans des tâches multiples. Certaines que vous maitrisez, d’autres qu’il faut appréhender : démarches administratives, courses, toilettes, prise de médicaments, coordination des médecins et des aides à domicile…

Ce nouveau quotidien devra trouver sa place dans un agenda déjà rempli par d’autres obligations professionnelles, familiales et d’engagements personnels.

En tant qu’aidant, nous consacrons une vingtaine d’heures par semaine en moyenne à notre proche. Et la charge mentale qui en découle est omniprésente. On ressasse, on rumine, cherchant des explications, des raisons qui n’existent pas, pour comprendre, pour savoir. On se refait des scénarios, on établit des hypothèses, on culpabilise, tout en se questionnant sans cesse.

Pour de nombreux aidants, c’est 7 jours sur 7, 24 heures sur 24

Les conséquences sont nombreuses. Vous n’arrivez plus à prendre du recul, la qualité de votre sommeil est altérée, vous mangez de façon anarchique, vous devenez irritable. Votre métabolisme vous alerte.

Vous n’en parlez pas, vous gardez cela au fond de vous. Le dire, en parler ? Cela pourrait encore altérer le peu d’équilibre que vous êtes arrivés à préserver. Vos émotions, votre santé n’ont plus d’importance. Vous ne voulez pas montrer la réalité de ce que vous confrontez. La vie d’équilibriste est votre nouveau quotidien.

Alors Stop ! Avant que tout ne se détraque, Aidants exprimez-vous !

Vous êtes un soutien précieux mais vous êtes aussi vulnérable. Ressentir des émotions négatives ne fait pas de bien moralement, ni physiquement. Cela ne vous rend pas non plus performant en tant qu’aidant. Ainsi soumis à des moments de stress, d’émotion et de fatigue, vous allez finir par altérer votre propre santé. Que pouvez-vous faire de cette charge négative qui s’accumule en vous ?

Évacuez le trop-plein. Parlez de votre situation, exprimez vos émotions, cela agira comme une purge. Personne n’est devin. Si vous n’exprimez pas ce que vous vivez, quels sont vos besoins, ce qui pourrait vous aider, personne ne le saura. À partir de ce constat tous les moyens sont bons pour vous permettre de sortir ce que vous avez au fond de vous et qui finira un jour ou l’autre par peser de façon toxique. De nombreuses solutions existent pour vous permettre de vous exprimer.

Rejoindre une association d’aidants

Au sein de la Compagnie des Aidants par exemple vous pouvez rejoindre un réseau d’aidants. Ce réseau d’entraide permet de rentrer en relation avec d’autres aidants. Vous pouvez bénéficier de leurs expériences en lien à une pathologie ou obtenir des informations et des conseils pratiques sur la gestion administrative et logistique de la dépendance. Vous pouvez aussi tout simplement en profiter pour sortir de votre isolement et échanger sur votre situation. Plus de renseignements en cliquant ici.

Rejoindre un groupe de parole

Les groupes de paroles dédiés aux aidants sont nombreux. Ils permettent aux aidants familiaux accompagnant des personnes atteintes d’une même pathologie, ou d’un même handicap de pouvoir se livrer, d’échanger en toute confiance entre eux, sans jugement (aidants de proches atteint d’un cancer, de la maladie d’Alzheimer…).

Le collectif permettra lui, de trouver des pistes, des solutions qui pourront améliorer le quotidien de chacun. Où trouver ces groupes de parole ? Vous pouvez vous renseigner auprès des associations de patients (antenne locale de la ligue contre le cancer, de France Alzheimer), mais aussi auprès de la MDPH de votre département. Communiquer et échanger entre pairs permettra de libérer la parole, de renforcer sa posture d’aidant tout en diminuant son stress en confrontant d’autres situations similaires à la sienne. L’animation de ces groupes est le plus souvent faite par ces psychologues ou des « aidants experts ». De nombreux renseignements sont à retrouver auprès des centres locaux d’information et de coordination (CLIC) au sein de chaque commune. Rejoindre un groupe de parole permet aussi de se reconnecter socialement.

Les lignes d’informations

Les lignes téléphoniques nationales ou locales d’aide et d’informations apportent conseils aux aidants qui vivent certaines situations compliquées auprès de leurs proches. Ces lignes permettent de parler librement et sans jugement. Quand on appelle c’est le plus souvent que la situation se crispe, pour tenter d’y voir plus clair, ou pour prendre un second souffle. Au bout de la ligne, des professionnels répondent à vos questions et apporte des solutions avec bienveillance. Par exemple la ligne téléphonique d’information d’Espace singulier est accessible de 8h à 22h et 7 jours sur 7. L’appel est gratuit : 0 805 38 14 14.

Consultez un professionnel

Médecin généraliste, psychologue, sophrologue, naturopathe, assistante sociale, coach, de nombreux professionnels seront de bon conseil, prendront le temps de vous écouter et de vous trouver des solutions adaptées, en fonction de votre besoin, de votre personnalité et de vos envies. N’oubliez pas ! Faire part de ses émotions est bon pour la santé. N’hésitez pas également à interroger le groupe de protection sociale dont vous dépendez.

D’autres solutions existent

Vous pouvez rejoindre des forums de discussion dédiés aux aidants ou prendre la parole via les réseaux sociaux. Si votre timidité vous tétanise, une tout autre voie comme celle de l’écriture peut vous correspondre. Un journal intime utilisé comme un précieux confident, pour coucher noir sur blanc vos sentiments, vos coups de colère, et vos émotions vous permettra d’éviter d’être submergé. Et cela peut aussi passer par d’autres formes d’expression artistique comme la peinture ou le dessin.

Fendez l’armure

Que ce soit auprès de ses proches, de sa famille, de ses amis, ou encore au travers des autres solutions évoquées, s’exprimer sur sa situation, sur ce qui ronge, de purger ses émotions et de soulager ainsi sa charge mentale ne peut que faire du bien. Pour autant extérioriser n’est pas chose facile. Révéler ses émotions peut faire peur, c’est un sentiment de mise à nue pour l’aidant.

Il n’est pas rare que l’on décrive un aidant comme un bon soldat, discipliné, organisé, résilient. Se livrer va nécessiter alors de baisser sa garde, de fendre l’armure et nombreux sont ceux qui pourront rechigner à l’exercice. Mais une fois l’obstacle franchi, partager son expérience fait poser un nouveau regard sur ce que l’on traverse, et l’on apporte aussi aux autres, tout en se faisant du bien physiquement et psychiquement.

Alors aidants exprimez-vous !

Rédaction : Julie Costantini, responsable de la communication