Le monde du travail doit mettre l’humain au cœur

11 millions d’aidants en France, mais sans doute bien plus…

Face au contexte sanitaire, à l’augmentation des maladies chroniques et au vieillissement de la population, nous serons tous amenés à soutenir un proche en perte d’autonomie que ce soit due à une situation de handicap, une maladie, un accident ou au grand âge.

Aujourd’hui, près de 62 % des aidants sont actifs et 57 % sont salariés.

Et demain, 1 salarié sur 4 sera aidant (*).

Dans ce contexte, il est important que le monde de l’entreprise s’engage durablement dans une stratégie de soutien et d’accompagnement des aidants.

Repérer, protéger et soutenir les salariés aidants

Un aidant qui travaille doit tout concilier : sa vie d’aidant, sa vie professionnelle, sa vie personnelle et familiale tout en préservant sa propre santé, son bien-être physique et mental, et ses revenus !

Faire face à ce défi c’est faire face à un nouvel enjeu de société.  C’est collectivement que les solutions seront imaginées, en mettant à contribution chacun des acteurs : entreprises, professionnels de santé, associations, services à la personne, pouvoirs publics, groupes de protection sociale, structures territoriales etc…

Un care manager plus qu’un chief happiness officer…

Mettre en place une stratégie à destination des aidants collaborateurs, considérer leur vulnérabilité, et leurs besoins sont partie intégrante de la responsabilité sociale et sociétale d’une entreprise (RSE). Ce sont aussi des enjeux de marque employeur.

Un aidant consacre en moyenne 20 heures par semaine à son proche, avec une charge mentale omniprésente. Il devra pouvoir compter sur son employeur et sur une palette de moyens et de solutions concrètes, lui permettant de sécuriser son activité professionnelle et ses revenus pour tenir son rôle d’aidant.

Au regard du temps passé par l’aidant sur son lieu de travail, l’entreprise devra d’une part proposer à l’aidant, s’il le souhaite, de redéterminer les contours de son activité professionnelle en collaboration avec sa hiérarchie et d’autre part organiser l’accès à l’information, la mise à disposition de solutions, de ressources pour l’aidant collaborateur afin qu’il gagne du temps pour sa vie professionnelle mais aussi personnelle.

Etre aidant coûte sur tous les plans. Au-delà d’un investissement personnel, entrainant charge mentale et fatigue physique, s’occuper au quotidien d’un proche en perte d’autonomie nécessite des dépenses financières. L’aidant ne doit pas craindre de perdre son emploi.

Près de 900 000 aidants ont dû arrêter de travailler (Etude DARES 2017), dont certains sont aujourd’hui au RSA.

Le congé proche aidant et autres solutions

Les pouvoirs publics, notamment avec le plan « agir pour les aidants 2020-2022 », ont mis en place des dispositions juridiques afin de favoriser la reconnaissance des proches aidants dans le cadre des négociations, de l’organisation du travail ou encore des congés.

Diverses solutions existent, comme des groupes de parole, des formations spécifiques, des dons de RTT, un congé rémunéré ou encore des aménagements du temps de travail.

L’Allocation journalière de proche aidant (AJPA), depuis le 1er Janvier 2022 a été revalorisé au smic, et les critères d’accès élargis.

Un défi pour les entreprises

Derrière des absences à répétition, des démissions soudaines, des burn out, peut se cacher un aidant pris en étau entre son engagement professionnel, sa responsabilité familiale et son rôle d’aidant. Un « référent aidant » ou « un care manager » pourrait être un tiers de confiance engagé, et agissant en proximité, en complicité, et en toute confidentialité avec les aidants en entreprise.

La stratégie « aidant » peut aussi être déléguée à une structure externe. L’objectif de ces approches innovantes est de favoriser un climat de confiance dans l’organisation, mais aussi une diminution de l’absentéisme des salariés aidants, un maintien de la productivité, une réduction de leur stress pour un bénéfice de cohésion collective.

Une analyse globale de l’entreprise est alors un préalable nécessaire avec l’audit de l’organisation et des contrats de protection sociale, la prise en compte des fonctions des aidants et de l’organisation du travail tout en impliquant les parties prenantes tels que la direction, les responsables RH, RSE, la médecine du travail, et les représentants de l’action sociale et ce pour imaginer une stratégie sur mesure garantissant un équilibre de vie aux collaborateurs aidants.

La Compagnie des Aidants accompagne des managers et services RH, sur la détection et l’accompagnement des aidants salariés. Elle propose aussi la mise à disposition d’outils et de ressources afin que les aidants ne se sentent pas démunis face à leur situation. Il existe également un label Cap Handéo « entreprises aidante » qui permet à l’entreprise de mettre en place un cadre spécifique pour les collaborateurs aidants.

Mettre en place une stratégie à destination des aidants salariés dans l’entreprise est une stratégie gagnante.

(*) Rapport OCIRP 2018/2021

Rédaction : Julie Costantini, responsable de la communication

(Re)lire l’article précédent https://lacompagniedesaidants.org/apa-gir-pch-ajpp-pch-faisons-le-point/